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Algérie - «La rente pétrolière a bien servi le remboursement de la dette et la constitution de réserves»

petrole Le chercheur français, M. Luis Martinez, spécialiste des questions énergétiques et de développement, a estimé, hier, dans une conférence au centre des études stratégiques du quotidien Echaâb que la rente pétrolière est « une chance et une inquiétude » en même temps, et ce, « selon l’usage que l’on en fait ».

Il a appelé les Etats qui disposent de beaucoup de ressources financières à faire de la rente un « outil de développement » et non de puissance. L’invité se base sur des études d’universitaires tels MM. Michael Ross et Paul Collier, portant sur l’utilisation des ressources issues de la rente sur 20 pays.

Des pays au niveau de développement différent comme la Norvège ou le Mexique, le Venezuela, l’Iran, la Libye, la Russie sont passés en revue, pour prendre en charge les spécificités de chaque pays par rapport à l’utilisation de la rente.

L’étude met en avant, à travers les étapes de l’appropriation des richesses pétrolières tantôt un désir de puissance, tantôt de développement. Dans les pays du Golfe, des budgets importants (30 % des ressources) sont consacrés à la défense (Arabie Saoudite).

Il note aussi des programmes de développement des infrastructures, à l’image de ce qui se fait aux Emirats arabes unis pour instaurer une économie de services, (banques, transport, assurance) capable de « prendre la relève de l’après-pétrole », dira-t-il Le chercheur français, qui a décortiqué le cas de l’Algérie, dit-il, depuis les années 1970 jusqu’à 2002-2003, estime qu’il y avait « trop d’émotionnel », c'est-à-dire de gigantisme dans les premiers investissements qui ont été consentis avec l’industrialisation.

L’aspect financier, donc la rentabilité, « a été négligé » selon lui. Une gestion rationnelle de la rente suppose qu’il faut « savoir quoi en faire », explique-t-il. M. Martinez ne défend pas l’immobilisme, il reconnaît qu’il y avait « une gestion lente de la rente » en Algérie, c'est-à-dire non précipitée qui a consisté « au remboursement de la dette » qui s’il a été différé « aurait pu avoir des répercussions catastrophiques avec la crise financière internationale ». Les importantes réserves de change constituées à partir de la rente sont « positives avec surtout l’appréciation du dollar ».

L’inquiétude du chercheur tient d’une manière globale à la « gestion autocratique de la rente ». M. Martinez pense qu’elle peut avoir pour conséquence « un retournement des populations » si l’on prend l’exemple nigérian où l’on assiste souvent à des « sabotages des oléoducs », rappelle-t-il. La distribution de la rente est un grand problème puisque dans ce pays on ne compte que «1 % des populations à en profiter ».

De plus, il serait intéressant de noter les effets de la gestion de la rente dans des pays démocratiques ou encore ceux où la démocratie ne s’est pas encore installée. Car la destination de la rente doit faire l’objet de débat. Ce qui permet de voir comment investir utile et rentable. M. Martinez observe que si ce préalable a été respecté, « on aurait pu par exemple en Libye voir s’il était préférable d’investir dans des usines de dessalement plutôt qu’un grand fleuve artificiel ».

Pour échapper à l’emprise de la rente, l’auteur estime qu’elle ne doit pas constituer l’unique source de revenus pour le budget de l’Etat mais s’appuyer sur d’autres ressources. Ainsi au Mexique, elle n’y contribue qu’à 50 % alors qu’en Norvège, elle est logée à part dans « un fonds de pension pour couvrir les retraites » au lieu de figurer dans le budget. De plus, contrairement aux années 1940-60, au-delà des tensions, la rente n’est plus dans ce pays ainsi que le Venezuela « un facteur d’empoisonnement de la vie politique ». C'est-à-dire de blocage, dira-t-il encore.

Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com

D'apres Horizons-dz. www.horizons-dz.com. Par K. D. Le 28 Novembre 2008.

 

 

 

 

 

 

 

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