kredence
12/11/2008, 21h35
Cela s’est passé dans une caserne du sud-ouest de la France
Le drapeau algérien piétiné par des soldats
Sarko, Mam et même Fadela Amara ont promis d’être sans pitié pour ceux qui bafouent le drapeau tricolore ou sifflent La Marseillaise, comme lors du match France-Tunisie, le 15 octobre dernier.
Les infâmes piétineurs de symboles nationaux n’ont qu’à bien se tenir.
Pour preuve, le récit de ce fait d’armes ayant pour décor une caserne du sud-ouest de la France et pour témoins de jeunes soldats du 35e Régiment d’artillerie parachutiste (Rap) de Tarbes.
Badis B., jeune beur, avait signé un engagement pour cinq ans, mais un soir, après quelques jours d’« absence irrégulière », il ne rejoint pas ses petits camarades de chambrée de la 2e batterie.
Le 14 septembre dernier, l’intéressé est déclaré déserteur.
A l’occasion d’une « revue de casier », trois sous-officiers fracturent le cadenas de l’armoire métallique de ce mauvais sujet, et dans le tas, les gradés tombent sur un drapeau vert et blanc, frappé d’un croissant rouge : les emblèmes de l’Algérie, patrie d’origine du jeune déserteur.
L’adjudant, aidé du sergent et d’un troisième larron, entreprend alors de donner aux camarades de Badis une leçon de civisme appliqué.
Le drapeau est jeté à terre et piétiné avec entrain.
Le sergent F., que ce grand moment de communion patriotique transporte, n’hésite pas à se cirer les rangers avec.
Qu’est-ce qu’on rigole ! Beaucoup de ces jeunes recrues, issues, elles aussi, de l’immigration, n’ont pourtant pas trouvé ça drôle.
Car ces soldats en herbe commencent à se lasser.
Ras-le-bol de trouver sur leur casier des autocollants du FN, dans le genre : « La France, tu l’aimes ou tu la quittes. »
Marre des réflexions racistes.
C’est d’ailleurs, selon ses copains, ce climat délicieux qui aurait en partie incité cette petite nature de Badis à se faire la malle.
Alors cette fois, ils décident de réagir.
Quelques-uns rédigent un compte rendu pour leur « Pevat », le président des engagés volontaires de l’armée de terre, comme il en existe dans tous les régiments.
Une sorte de délégué chargé de représenter ses camarades auprès de la hiérarchie.
L’affaire parvient au colonel, qui se réveille enfin et inflige une sanction d’une sauvagerie inouïe, en rapport avec la gravité d’un « outrage » au drapeau.
Sauf que ce drapeau n’a pas les bonnes couleurs.
Le sergent qui s’en est servi pour faire briller ses chaussures prend 15 jours d’arrêt… avec sursis.
Dans un an, la punition aura disparu de son dossier. L’adjudant et le troisième larron sont blanchis.
Et à l’état-major, on se félicite chaudement : « Le niveau de sanction a été sévère et exemplaire. »
Il faudrait peut-être leur annoncer, avec ménagement, que la guerre d’Algérie, c’était il y a un demi-siècle.
Par Brigitte Rossigneux (Canard Enchaine)
http://www.elwatan.com/Le-drapeau-algerien-pietine-par
Le drapeau algérien piétiné par des soldats
Sarko, Mam et même Fadela Amara ont promis d’être sans pitié pour ceux qui bafouent le drapeau tricolore ou sifflent La Marseillaise, comme lors du match France-Tunisie, le 15 octobre dernier.
Les infâmes piétineurs de symboles nationaux n’ont qu’à bien se tenir.
Pour preuve, le récit de ce fait d’armes ayant pour décor une caserne du sud-ouest de la France et pour témoins de jeunes soldats du 35e Régiment d’artillerie parachutiste (Rap) de Tarbes.
Badis B., jeune beur, avait signé un engagement pour cinq ans, mais un soir, après quelques jours d’« absence irrégulière », il ne rejoint pas ses petits camarades de chambrée de la 2e batterie.
Le 14 septembre dernier, l’intéressé est déclaré déserteur.
A l’occasion d’une « revue de casier », trois sous-officiers fracturent le cadenas de l’armoire métallique de ce mauvais sujet, et dans le tas, les gradés tombent sur un drapeau vert et blanc, frappé d’un croissant rouge : les emblèmes de l’Algérie, patrie d’origine du jeune déserteur.
L’adjudant, aidé du sergent et d’un troisième larron, entreprend alors de donner aux camarades de Badis une leçon de civisme appliqué.
Le drapeau est jeté à terre et piétiné avec entrain.
Le sergent F., que ce grand moment de communion patriotique transporte, n’hésite pas à se cirer les rangers avec.
Qu’est-ce qu’on rigole ! Beaucoup de ces jeunes recrues, issues, elles aussi, de l’immigration, n’ont pourtant pas trouvé ça drôle.
Car ces soldats en herbe commencent à se lasser.
Ras-le-bol de trouver sur leur casier des autocollants du FN, dans le genre : « La France, tu l’aimes ou tu la quittes. »
Marre des réflexions racistes.
C’est d’ailleurs, selon ses copains, ce climat délicieux qui aurait en partie incité cette petite nature de Badis à se faire la malle.
Alors cette fois, ils décident de réagir.
Quelques-uns rédigent un compte rendu pour leur « Pevat », le président des engagés volontaires de l’armée de terre, comme il en existe dans tous les régiments.
Une sorte de délégué chargé de représenter ses camarades auprès de la hiérarchie.
L’affaire parvient au colonel, qui se réveille enfin et inflige une sanction d’une sauvagerie inouïe, en rapport avec la gravité d’un « outrage » au drapeau.
Sauf que ce drapeau n’a pas les bonnes couleurs.
Le sergent qui s’en est servi pour faire briller ses chaussures prend 15 jours d’arrêt… avec sursis.
Dans un an, la punition aura disparu de son dossier. L’adjudant et le troisième larron sont blanchis.
Et à l’état-major, on se félicite chaudement : « Le niveau de sanction a été sévère et exemplaire. »
Il faudrait peut-être leur annoncer, avec ménagement, que la guerre d’Algérie, c’était il y a un demi-siècle.
Par Brigitte Rossigneux (Canard Enchaine)
http://www.elwatan.com/Le-drapeau-algerien-pietine-par