La fin des «véhicules par procuration» fait des mécontents en Algérie
Algérie - De vives réactions ont été enregistrées à la suite de l’annonce de l’interdiction de la vente par procuration des véhicules importés. Les premiers à s’insurger contre cette décision sont d’anciens moudjahidine.
«Nous sommes déjà dans la misère, le fait que l’on dispose d’une telle autorisation, c’est pour certains d’entre nous un moyen de subsister. Beaucoup d’entre nous n’ont pas les moyens de s’assurer un mois de vie normale. Comment peuvent-ils se permettre l’achat d’un véhicule ?», s’est interrogé M.A.L., 74 ans, moudjahid de la première heure.
Une réaction qui a suscité l’adhésion des trois moudjahidine qui l’entouraient. L’un d’entre eux nous dira: «Nous sommes surpris d’une telle décision qui a été prise à nos dépens.
Cette licence me permettait de rembourser mes dettes, je n’arrive pas à joindre les deux bouts». «Moi, j’ai déjà entrepris les démarches et conclu un marché avec quelqu’un qui m’a avancé une somme d’argent. Aujourd’hui je me retrouve coincé. Comment dois-je faire avec seulement une pension ?», dira le troisième.
Pour cet homme de droit, la situation se complique davantage avec ce genre de décision. «Octroyer une licence d’importation d’un véhicule à un citoyen qui n’est pas capable d’en importer, c’est automatiquement favoriser la spéculation autour de cela.
Il était souhaitable d’exiger au départ les justificatifs de la demande et n’octroyer cette licence qu’aux personnes disposant des moyens nécessaires», explique-t-il. Un notaire, contacté, souligne que «la solution serait de prendre d’autres décisions pour mettre en place des mécanismes d’imposition souples qui pourraient arranger les deux parties.
Car si l’on accorde cet avantage au moudjahid, l’on ne pourrait pas dire que d’autres se font une fortune sur son dos. Ce n’est pas possible, car le dédouanement d’un véhicule ne se fait qu’une fois et le produit de cela est loin d’être une fortune. Pour ce qui nous concerne, on nous a enlevé un autre créneau, un revenu de moins pour nous». Notre interlocuteur a fait part d’un autre cas qui «fait perdre beaucoup d’argent aux offices de l’Etat».
Il s’agit des désistements de logements OPGI. Selon lui, «dans cette situation, l’OPGI pourrait récupérer toutes ses dettes, du fait que celui qui se désiste est obligé de payer tous ses loyers». Et de conclure: «Beaucoup de citoyens, des centaines ou des milliers, sont dans cette situation. Les transactions sont inévitables, autant légaliser tout cela».
Par Hocine Kedadria - Quotidien d'Oran
|