Algérie : Les chefs du FIS divisés mais unis contre Al-Qaïda
Algérie - Sur Al-Jazeera, Abassi Madani, a salué le retour de Rabah Kébir au pays mais il l’a prévenu que le chemin n’est pas «pavé de roses» au pays.
En clair, les chefs de l’ex-Fis ne s’entendent sur rien, sauf sur le rejet d’Al-Qaïda.
Le retour de l’ex-chef de l’instance exécutive du FIS à l’étranger, par la petite porte, pourra difficilement être qualifié d’évènement. Mais il sert surtout à confirmer que dans ce qui fut la direction de l’ex-Fis, les appréciations sont très contrastées, pour ne pas dire contradictoires, au sujet de la politique de paix et de réconciliation de Abdelaziz Bouteflika. C’est le «seul moyen de sortir le pays de la crise» a répété, hier Rabah Kébir, ce n’est qu’un «calmant» rétorque Abassi Madani, dans un communiqué rendu public avant-hier.
La tonalité est très différente, même si Abassi Madani reconnaît à Bouteflika le mérite d’avoir introduit «quelques changements dans l’institution militaire et au gouvernement» dans le cadre de «tentatives» de réformes destinées à rendre la décision au peuple souverain et d’avoir pris en charge certains familles touchées par la crise.
Mais au-delà de ces points qui permettent d’ailleurs à Kébir de revenir au pays, les appréciations sont totalement différentes. Des «divergences de vue», admet Rabah Kébir, qui ne semble pas avoir lu sérieusement l’ordonnance sur la paix et la réconciliation et l’interdiction formelle qu’elle oppose au retour en politique des anciens dirigeants du Fis.
Bien entendu, Rabah Kébir peut arguer qu’il a pu tenir une conférence de presse avec l’aval des autorités, mais il est évident que cela n’est pas de nature à lever les préventions, voire l’hostilité du vieux Abassi Madani. Ce n’est d’ailleurs pas une coïncidence qu’il ait rendu public son communiqué au moment de l’arrivée de Rabah Kébir. Il s’agit bien d’éviter que la «lecture» de Rabah Kébir ne soit considérée comme celle de l’ancien parti dissous.
Pour lui, hormis quelques mesures «positives», la politique de réconciliation n’est que l’administration de «calmants» et elle n’est pas de nature à résorber «les causes de la crise» comme le «blocage de la réalisation de l’Etat du 1er Novembre». Abassi Madani continue à considérer que la politique actuelle est «un traitement sécuritaire d’une crise politique» et qu’elle perpétue «l’exclusion de parties essentielles du conflit».
Le seul point de rencontre entre Abassi Madani et Rabah Kébir est leur rejet de l’affiliation du GSPC sous la bannière d’Al-Qaïda. Caustique, l’exilé de retour de l’étranger se dit contre «tout lien avec les étrangers» et récuse les «talibans et les concepts importés de l’étranger».
Abassi Madani, lui, s’inquiète de cette annonce qui menace «d’internationaliser la crise qui ne peut que l’aggraver et la compliquer». Pour Abassi Madani, l’affiliation du GSPC à Al-Qaïda est «une bouffée d’oxygène pour les éradicateurs qui sont en état d’agonie et leur donne un prétexte pour lancer des agissements hostiles à toute initiative politique pacifique, y compris la réconciliation nationale» et justifier des mesures répressives et le maintien de l’état d’urgence.
A la fin de son communiqué, Abassi Madani demande au Président de décréter l’amnistie générale, de faire une révision constitutionnelle qui garantisse les libertés et la séparation des pouvoirs et de lever l’état d’urgence. Cela n’est de toute évidence pas encore à l’ordre du jour...
Par M. Saâdoune - Quotidien d'Oran
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