Des marins en colère en Algérie

Algérie - S’inquiétant de l’annonce de la dissolution de leur entreprise, des marins de CNAN Maghreb Line (CML - filiale de CNAN Group de transport maritime des voyageurs) ont observé, hier matin, un sit-in devant le ministère de la Participation et de la Promotion des investissements (MPPI), profitant de la visite d’une délégation étrangère au département de M. Temmar.

Après trois années d’existence, la compagnie de transport maritime des voyageurs CNAN Maghreb Line (filiale de CNAN Group) a été dissoute en mars dernier, selon les marins rencontrés hier devant le siège du MPPI. Une cinquantaine d’entre eux étaient venus exprimer leur inquiétude et leur refus de cette décision dont ils n’ont appris l’existence que « vendredi dernier », selon un de leurs représentants, alors que la dissolution de leur entreprise « a été prise en janvier 2006 et signée deux mois plus tard ».

Le DG par intérim de CNAN Group leur a lui-même confirmé la dissolution de la filiale CML « brandissant un fax qu’il a reçu du ministère des Transports ». « C’est donc le sort de près de 300 travailleurs, des marins pour la plupart, qui est en danger à quelques jours du mois de Ramadhan », affirme un des marins.

La raison invoquée par leurs interlocuteurs aussi bien au ministère des Transports qu’au niveau de la SGP Gestramar, qui détient le portefeuille de CNAN Maghreb Line, c’est le « déficit financier » de la compagnie. « Nous n’avons aucun détail de plus », expliquent nos interlocuteurs qui se sentent abandonnés à leur sort. « Normalement, c’est au syndicat qui doit parler en notre nom », lancent-ils amèrement.

Ils ont même sollicité l’intervention de Abdelmadjid Sidi Saïd, SG de l’UGTA, pour intervenir auprès des autorités afin d’éviter la dissolution de la compagnie ou, pour le moins, de trouver d’autres solutions comme celle « de nous faire recruter auprès de l’ENTMV », suggèrent-ils.

Les marins rencontrés hier estiment que « dès sa création, la compagnie a subi des mesures discriminatoires dans les ports ». Ils citent, à titre d’exemple, l’accostage du navire de CNAN Maghreb Line loin du quai habituellement réservé aux voyageurs.

Pour nos interlocuteurs dont la majorité ont, selon eux, plus de 25 ans de service, la « compagnie est solvable ». « C’est du moins ce que nous a affirmé le DG de CNAN Group qui fait état d’un bénéfice de 7 milliards de centimes pour l’année 2005 », disent-ils. Information démentie par le directeur du transport maritime au niveau du ministère des Transports qu’ils ont rencontré les jours précédents.

Mais alors, si CNAN Maghreb Line a été dissoute en mars 2006, pourquoi a-t-elle continué à opérer depuis cette date et en particulier durant la période estivale ? Les marins sont incapables de répondre à cette question. Ils sont eux-mêmes étonnés de cette décision dont ils n’ont appris l’existence que le 15 septembre 2006 en rentrant de Marseille suite à une panne d’un des deux moteurs du Millénium Express (navire affrété) qui se trouve actuellement en réparation en Allemagne.

Finalement, au bout de deux à trois de heures de sit-in, une délégation de cinq marins de la CML a été reçue par des cadres du ministère dont le chef de cabinet du MPPI, a-t-on appris auprès des concernés. Une promesse leur a été faite de leur donner une réponse « dans les deux ou trois prochains jours » sur le sort de leur compagnie.

Par M. Mehdi - Quotidien d'Oran