Algérie : Ce qui reste du Ramadhan sans TPS
Algérie - La réapparition de TPS n’a duré qu’une semaine. Vendredi, les chaînes du bouquet numérique français étaient inaccessibles.
L’écran noir dure depuis. Dans un pays où les loisirs manquent cruellement, la réapparition et la disparition de TPS, occupent les gens. Surtout en plein Ramadhan, le mois des longues veillées...
Depuis l’annonce, il y a plusieurs mois d’un projet de fusion entre Canal Satellite et TPS, les Algériens ont compris que le temps des démodulateurs pirates était compté. Maintenant, que TPS et Canal Satellite ont fusionné, le dernier espoir de revoir encore tranquillement les TPS s’est évaporé. A moins d’un exploit de la part des pirates, mais ces derniers ont été incapables de décrypter Canal satellite. Il faut d’autres moyens et pourquoi pas d’autres bouquets numériques.
Par exemple, l’Internet haut débit permet de capter, avec l’aide d’un matériel spécifique, les chaînes cryptées. Pour le commun des téléspectateurs, cette affaire d’Internet est non seulement compliquée, mais aussi coûteuse. En plus, il faut disposer d’une ligne téléphonique en numérique, ce qui n’est pas à la portée de tout le monde.
Reste le bricolage. Il y a les Algériens qui disposent de démodulateurs officiels de TPS. Les fameux Sagem permettent de capter plusieurs chaînes du bouquet numérique sont importés de France et ne sont pas disponibles sur le marché local. Pour le reste, il y a toujours des possibilités de capter TPS et quelques chaînes françaises comme France 2, France 3, M6.
A travers un démodulateur analogique, cet appareil obsolète du point de vue technologique, est toujours «robuste» pour capter TF1, M6, France 2, France 5 et France 3. Des téléspectateurs préfèrent désormais orienter leur parabole vers Nilesat pour capter France 2, M6 et de nombreuses chaînes arabes. En fait, la disparition de TPS ne concerne pas tous les démodulateurs.
Des mises à jour permettent de capter le désormais célèbre bouquet français TPS pour une semaine renouvelable pour 100 dinars. Un prix symbolique. Mais le va-et-vient entre les cybercafés et la maison n’est pas gratuit.
Dans les cybercafés et magasins spécialisés, on fournit la liste des démodulateurs numériques concernés: Stream, Cherokee, Condor. Les téléspectateurs «branchés» sont au courant des dernières astuces pour capter TPS et faire durer le plaisir de regarder gratuitement des films et des matches de foot sur les chaînes du bouquet numérique français.
En fait, certains fabricants de démodulateurs incluent à l’intérieur, des programmes qui permettent de capter certaines chaînes cryptées. Résultat: la vente des démodulateurs qui permettent encore de voir TPS est repartie à la hausse. Et le retour en force, après le scandale de la Coupe du monde de football, du bouquet arabe ART leur donne même une seconde vie.
«Les Algériens aiment regarder les matches de football des grands championnats européens. Les championnats espagnol et italien sont particulièrement appréciés. Ils aiment aussi regarder la Ligue des Champions.
Ces matches sont disponibles sur les chaînes du groupe ART», explique le gérant d’un magasin d’électroménager à Oran. La disparition de TPS profite en premier lieu à ART qui ne peine plus à recruter de nouveaux abonnés en Algérie.
Le bouquet du milliardaire saoudien Cheikh Salah El-Kamel propose trois cartes: 3 mois pour 3.000 dinars, 6 mois pour 5.000 dinars et une année pour 9.000 dinars. «On vend beaucoup plus des cartes de 3 mois et une année. Les cartes sont disponibles et se vendent très bien», affirme le même gérant. Pour capter le bouquet ART, il faut toutefois un démodulateur à cartes. Du coup, les appareils qui ne peuvent pas recevoir de cartes sont devenus obsolètes.
La disparition de Canal Satellite et TPS fait les affaires de ART, seul bouquet numérique qui vend officiellement des cartes en Algérie. Les Algériens sont de plus en convaincus qu’il faut mettre la main à la poche pour accéder à des bouquets numériques étrangers, en attendant la télévision par téléphone promise par les autorités, l’ouverture du champ médiatique au privé, l’installation en Algérie de nouveaux bouquets numériques..
Par Hamid Guemache - Quotidien d'Oran
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