Algérie : Anouar Haddam sur la défensive
Algérie - Les dirigeants du parti dissous se relayent, ces derniers temps, sur les médias pour soit soutenir Rabah Kébir ou lui dénier le droit de parler en leur nom ou au nom du parti dont le sort a été scellé par une décision de justice.
C’est le cas, hier, de Anouar Haddam qui était l’invité de l’émission «Point d’ordre» diffusée par la chaîne satellitaire El Arabya. Sans le souligner ouvertement, Anouar Haddam semble déçu par la sortie médiatique du fils de Collo qui aurait coupé l’herbe sous les pieds de ses anciens compagnons. Décidés à ne pas se laisser faire, les anciens responsables de l’ex-FIS multiplient les messages en direction du pouvoir dans la perspective de se relancer dans la politique, quitte à se sacrifier les uns les autres.
Anouar Haddam a d’emblée souligné, en guise de réponse au responsable de l’exécutif du parti dissous à l’étranger, que Rabah Kébir s’est démarqué, il y a de cela 10 ans, de la ligne de conduite du parti lorsque celui-ci avait soutenu l’accord passé entre le pouvoir et l’AIS.
Interrogé sur l’éventualité d’un accord passé entre Kébir et le pouvoir, Haddam rétorquera «Je ne sais pas ce qui s’est passé entre le pouvoir et Rabah Kébir mais ce que tout le monde sait, c’est que la loi sur la réconciliation interdit aux dirigeants de l’ex-FIS de faire de la politique». Il voulait insinuer par là que Kébir ne peut et ne pourra créer un autre parti politique du moment qu’il faisait parti des responsables de l’ex-FIS.
Tout en insistant sur la nécessité de dégager un terrain propice pour une véritable réconciliation, Anouar Haddam, qui, après l’arrêt du processus électoral, s’est réfugié aux Etats-Unis, s’interroge sur les raisons qui l’empêchent de rentrer au pays alors qu’il a envoyé à qui de droit tous les documents nécessaires pour bénéficier de la loi sur la réconciliation nationale.
Par ailleurs, et même si Haddam soutient la Charte pour la paix et la réconciliation, il rejoint, en revanche, Ali Benhadj et Boukhamkham sur l’obligation de passer par un congrès avant de prendre des initiatives individuelles «qui ne feront qu’accentuer les divergences et exacerber les tensions entre les responsables du parti islamiste», dira-t-il en réitérant ses souhaits de voir la concorde aboutir à une véritable réconciliation entre tous les courants politiques.
Concernant l’instauration d’un Etat islamique en Algérie, Anouar Haddam dira «On n’en est pas encore là. Il ne faut pas griller les étapes avant le retour total à la paix qui est plus importante que n’importe quel système politique».
Cependant, Haddam a omis de faire allusion aux massacres des civils pendant plus de dix années où plus de 100.000 Algériens ont payé de leur vie les affres du terrorisme sans parler des dégâts qui se chiffrent à des milliards de dollars. Il a omis, en outre, d’avoir revendiqué, en 1995, le sanglant attentat du commissariat central même si aujourd’hui, il s’en défend prétextant qu’il a été emprisonné pendant quatre années aux Etats-Unis pour justement ce même motif sans que des preuves ne soient établies jusqu’à ce jour.
En tout état de cause, la sortie médiatique de Anouar Haddam n’a pas été du goût de l’animateur de l’émission tant les réponses du responsable du parti dissous étaient évasives.
Il faut dire aussi que le feuilleton de l’ex-FIS n’est pas près de connaître son épilogue du moment que le retour de Kébir en Algérie a réveillé les «vieux démons» et créé des scissions au sein de ce parti lorsque les chefs armés, Madani Mezrag et Benaïcha, ont prêté allégeance au chef de l’exécutif à l’étranger alors que les politiques lui dénient le droit de parler au nom du parti.
Par Zoubir Khélaifa - Quotidien d'Oran
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