Privatisations des banques en Algérie
Algérie - Après le CPA, la CNEP et la BADR ?
Le ministre des Finances, Mourad Medelci, a fait part à une importante banque américaine de son intention de procéder à la privatisation partielle, par l’ouverture de leur capital, de la CNEP et de la BADR.
C’est en marge des travaux de la session annuelle du Fonds monétaire international (FMI), qui se sont déroulés à Singapour en septembre dernier, que le ministre des Finances a eu des discussions avec les responsables de la J.P. Morgan, une banque américaine bien cotée dans les milieux mondiaux des affaires.
Entre autres thèmes abordés entre les deux parties, les évolutions de l’économie algérienne, la réforme du système financier et bancaire avec en prime le programme de privatisation des banques. C’est ce qui nous a été rapporté par des sources proches des milieux financiers nationaux et internationaux.
Nos interlocuteurs, présents à Singapour, ont eu des contacts directs avec les concernés et affirment avoir su que l’Algérie compte, selon les propos du ministre des Finances, ouvrir le capital de la CNEP, ce qu’il appelle banque de l’Habitat, ainsi que la BADR, la Banque de l’agriculture et du développement rural.
Nos sources soulignent que l’américaine J.P. Morgan est un organisme financier de renommée mondiale qui connaît bien l’Algérie pour avoir été présent par sa participation dans certaines opérations avec le groupe Sonatrach.
Pour rappel, le ministère des Finances a fixé le 7 novembre prochain, comme date pour recevoir le Dossier d’appel d’offres des organismes intéressés par la privatisation du Crédit populaire algérien (CPA).
Il s’agit pour l’Etat, propriétaire, de céder 51% de sa participation dans le CPA au profit d’un partenaire qu’il veut «stratégique» pour en conserver les 49% restants. La Banque de développement local (BDL) est aussi inscrite dans le programme de privatisation partielle. Pour l’instant, le ministère des Finances n’a pas rendu publique son intention d’ouvrir le capital de la CNEP et de la BADR.
L’on nous précise que Medelci en a parlé pour la première fois avec la J.P. Morgan.
Contactés par nos soins, ni le ministère des Finances encore moins le ministère délégué chargé de la Réforme bancaire n’ont confirmé les faits. «Nous ne sommes pas au courant», nous ont-ils répondu à ce propos. «Nous engageons CPA et nous verrons après», nous précise un haut cadre au ministère des Finances.
Les responsables des deux ministères préfèrent parler de la réforme bancaire qu’ils disent avoir engagée en 2004 et «à travers laquelle nous avons un certain nombre d’objectifs à réaliser». Le premier acquis, selon eux, »le système de paiement de masse qui est une réforme structurelle et ça fonctionne».
Ils rappellent avoir ramené la durée du traitement d’un chèque de plusieurs mois à «cinq jours !» Une exécution de paiement qu’il qualifie de «rapide». Les services bancaires publics ont effectué du 15 mai dernier à ce jour «un million d’opérations», font-ils remarquer avec fierté. Mais pourquoi avoir annulé le paiement par chèque à partir de 50.000 DA et n’avoir pas facilité le paiement par carte bancaire ? interrogeons-nous.
La réponse des responsables du ministère des Finances n’a rien de précis, ou peut-être si. «Le volontarisme c’est bon mais il y a des réalités du terrain qu’il faut absolument prendre en compte», nous dit-on.
La privatisation des banques représente-t-elle un des objectifs de la réforme ? «Bien sûr !» répondent nos sources du ministère.
«Par la privatisation, nous voulons avoir rapidement un maximum de produits pour moderniser la gestion des banques, comme le transfert de technologies, de compétences, de connaissances, c’est aussi ce que nous tentons de faire au niveau des banques publiques», estiment nos interlocuteurs. «La réforme, ce n’est pas uniquement une action mais une multitude d’actions à réaliser», est-il indiqué.
Les banquiers qui ont fait le déplacement à Singapour s’interrogent: »Que veulent-ils obtenir en vendant les banques ?» Ils font remarquer qu’au plan juridique, «les choses ne sont pas claires alors qu’elles doivent l’être avant tout autre démarche pour permettre, en cas de litige, à la justice d’intervenir rapidement». Ce qui garantit, selon eux, «une crédibilité au chèque, comme ça, on n’interdira pas le paiement d’un chèque de 50.000 DA ou de tout autre somme, après l’avoir permis quelque temps auparavant».
A propos des transferts des compétences et de la modernisation des techniques de gestion, les banquiers rappellent le sort des cadres emprisonnés. «Il n’est pas normal que dans des affaires commerciales, la justice se saisisse des dossiers pour en faire des affaires pénales», disent-ils.
L’on note avec regret que «même si le ministère des Finances considère que telle ou telle affaire ne mérite pas de passer devant la justice, c’est la justice même qui s’en saisit». Ainsi, les cadres du secteur refusent-ils catégoriquement de prendre des risques ou des initiatives.
Pour les banquiers, il y a des mécanismes à faire valoir en cas de problèmes. «C’est à la Banque d’Algérie de fixer les règles et autres instruments de régulation, de contrôle et de règlement de litiges», indiquent-ils. La réforme devrait, selon eux, «commencer par ça !»
Par Ghania Oukazi - Quotidien d'Oran, le 30 octobre 2006.
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