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Irak : Saddam Hussein condamné à être pendu

Saddam Hussein condamné à mortIrak - Saddam Hussein, Barzan Ibrahim al-Tikriti et Awad Ahmed al-Bandar seront pendus jusqu’à ce que mort s’ensuive. Le verdict, décidé à l’issue d’un procès qu’Amnesty International a qualifié de «glauque», a été sans surprise.

Les lendemains de l’Irak ne chantent pas, même si Washington lui découvre un autre «grand jour». A l’issue d’un procès qui a tourné à un simulacre dénoncé par la défense, Saddam Hussein, poursuivi pour crime contre l’humanité dans l’affaire de Doujaïl, a été condamné à mort par pendaison.

Deux des huit co-accusés, Barzan Ibrahim al-Tikriti et Awad Ahmed al-Bandar, ont écopé de la même peine. Taha Yacine Ramadan a été condamné a perpétuité, trois autres responsables du parti Baath, Abdullah Kazim Ruwayyid, Mizhar Abdullah Ruwayyid et Ali Ali Dayih Ali, ont été condamnés à 15 ans d’emprisonnement.

Alibi dans un procès, dont le verdict a été décidé depuis longtemps, Mohammed Azawi Ali, un autre responsable du Baath, a été déclaré non-coupable et relâché. La condamnation à mort ou à la prison à vie entraîne automatiquement l’ouverture d’une procédure d’appel.

La Chambre d’appel du tribunal, composé de neuf juges, n’a pas de délai pour rendre sa décision, ce qui pourrait prendre plusieurs mois. En cas de confirmation du verdict, la sentence doit être exécutée dans les 30 jours suivants. Le Premier ministre irakien, Nouri Al-Maliki, a affirmé que le verdict «marque la fin d’une période noire de l’histoire de ce pays et en ouvre une autre, celle d’un Irak démocratique et libre».

Indéniablement, une partie des Irakiens est satisfaite du verdict, mais une autre partie n’y voit que la preuve manifeste d’une décision américaine. La partie mécontente se retrouve largement dans la réaction du comité des avocats qui a qualifié le verdict d’illégal.

«Nous savons qu’il s’agit d’une cour politique. Elle a été instituée pour des raisons politiques et pour servir les intérêts américains, c’est pourquoi nous ne pouvons pas nous attendre à ce qu’elle prononce un verdict légal». Membre du groupe du comité de défense, l’ancien ministre américain de la Justice, Ramsey Clark, qui avait critiqué cette condamnation à deux jours des élections parlementaires aux Etats-Unis, a été expulsé du tribunal sous le prétexte qu’il avait «offensé» le peuple irakien.

Coupable en somme d’avoir relevé l’évidence d’un jugement politique et son instrumentation aussi bien par le gouvernement américain que les nouvelles élites gouvernementales irakiennes. L’un pour des soucis électoraux, l’autre dans l’espoir que la mise à mort de Saddam Hussein entraîne un affaiblissement de l’insurrection.

On est bien dans un jeu politique ! Et les premières réactions en Irak confirment que ce verdict, acte politique et non judiciaire, ne fait qu’accentuer les divisions communautaires en Irak et n’augure pas une réduction des violences fratricides. Sans surprise, les occupants de l’Irak, qui n’en finissent pas de lui découvrir des «grands jours pour l’Irak» depuis leur guerre désastreuse, jubilent.

Le proconsul américain en Irak, l’ambassadeur Zalmay Kjalilzad, a qualifié le jugement «d’importante étape» et une opportunité pour les Irakiens de tourner la page de Saddam pour «s’unir et construire un avenir meilleur». Le porte-parole de la Maison-Blanche, Tony Snow, fait presque dans l’humour en déclarant que le monde avait la «preuve absolue qu’il y a un système judiciaire indépendant en Irak».

Le ministre britannique de l’Intérieur, John Reid, surenchérit en estimant que le verdict était «l’expression ultime de la souveraineté de l’Irak». C’est une plaisanterie insultante pour un Irak sous occupation, où chaque jour en moyenne on enregistre le double des victimes présumées de la tuerie de Doujaïl.

Si Saddam Hussein a été un tyran, la justice a-t-elle été rendue ? Si tel est l’objectif, c’est raté ! Les ONG des droits de l’homme, peu suspectes de sympathie pour Saddam Hussein, le disent ouvertement. Ce dossier a été «une affaire glauque, marquée par de graves failles qui remettent en question la capacité du tribunal, tel qu’il est établi actuellement, à administrer une justice juste, en conformité avec les standards internationaux».

Human Rights Watch parle «d’occasion ratée de donner un sens à la règle de droit et une perte pour les victimes, dans la mesure où le procès et le verdict ne résisteront pas à l’épreuve du temps». La FIDH considère que le tribunal qui a jugé Saddam Hussein «s’est caractérisé par les violations répétées du droit à un procès équitable». «Violant les normes protectrices des droits de l’Homme, ce tribunal a gravement failli à sa mission», ajoute la FIDH.

Saddam Hussein, dont l’arrestation humiliante avait choqué, a crié: «Dieu est grand contre les traîtres et l’occupant». Il n’a pas été exaucé dans sa demande d’être fusillé. Sans illusion sur l’issue du procès, il avait déclaré la veille à ses avocats: «Je mourrai avec honneur et sans crainte, plein de fierté pour mon pays et ma nation arabe. Mais les occupants américains partiront dans l’humiliation et la défaite».

Par Hamid Guemache - Quotidien d'Oran, le 6 novembre 2006.

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