Algérie - Bouziane Belaroui : Une carrière brisée
Encore un sportif qui s’est fait un nom avec un prénom, encore que ses « petits cousins » Mohamed El-Amine et Miloud aient pris le relais de façon très honorable à l’ASMO et ailleurs. Pour tout le monde, Bouziane est un enfant de Medina J’dida.
Or, il est né à El-Hamri, rue Capitaine Raho, où il est resté jusqu’à l’âge de six ans, avant d’être élevé par ses grands-parents qui habitaient à la rue de Laghouat, en ville-nouvelle. Bouziane a fait ses premières gammes de football du côté du «Moulin», à proximité du boulevard de Mascara, en compagnie de Bendida (qui était son voisin), de Gana Bachir, Zaïr et Lahmar.
Les dirigeants de l’ASE furent plus avisés que leurs concurrents du CALO puisqu’ils sont parvenus à engager les deux jeunes les plus prometteurs, Bouziane et Bendida en l’occurrence. C’est que ces deux jeunes surdoués sont devenus le cauchemar des défenses adverses. Les évènements se précipitent et les clubs algériens se retirent de la compétition. Bouziane assouvira sa passion lors des nombreux matches amicaux avec l’US Daouadji, une équipe redoutable avec les Bendida, Ouaddah, Chikho et Ouaddah Abdelkader, Kadri Pablo, Zahi, Ouahrani, Bouziane et bien d’autres coéquipiers.
Après l’indépendance, il rejoint tout naturellement les rangs de l’ASM, à l’instigation de l’avisé (feu) Hadefi Hadj. Titulaire en senior, il a disputé les rencontres importantes dans sa catégorie, en juniors. Puis ce fut l’épopée asémiste avec une pléiade de grands footballeurs tels Dey, Gasmi, Pons, Nouredine, Ghaouti, Hasni, Bendida, Gomez, Kechra, Youssef, Bessol, Belkhloufi, Zaïter, Moussa, Moudoub, Medjahed, Ould Ali, Nemeur, Ouahrani qui font partie de l’histoire du football de l’Ouest.
La carrière de Bouziane fut malheureusement brisée par un terrible accident de la route, à une quinzaine de kilomètres de Constantine. Rétabli après une longue convalescence, Bouziane n’a jamais pu retrouver sa forme, passant à l’EMO aux côtés des Hassan, Hanifi, Toto Hasni, Smahi, Mohamed «Tang» et Ouiouer Lahouari. Après le club de Sidi Blal, il rejoignit l’équipe de Bousfer, où il ne restera que trois mois.
C’est ainsi qu’il a raccroché à un âge (23 ans) où d’autres entament réellement leurs parcours. On peut dire que ce surdoué a joué de malchance, alors qu’il avait tous les dons pour réaliser une très brillante carrière...
Une date tragique
La date du 5 novembre 1967 restera gravée à jamais dans la mémoire de Bouziane Belaroui.
Après un match face à l’USM Annaba, la délégation de voitures se trouvait à proximité de Hama Bouziane. Le temps était pluvieux et froid. Dès l’amorce d’un virage dangereux, la voiture conduite par Rekik Sid Ahmed a dérapé et aurait fini sa course au fond d’un ravin, sans la présence d’esprit du regretté Pons, qui s’est saisi du volant. Le véhicule a alors percuté violemment un arbre. Le plus touché fut Bouziane, alors que les autres passagers ont subi quelques blessures.
«Même dans notre malheur, j’estime que nous avons eu de la chance, car c’était l’arbre ou le ravin, et ceci grâce au réflexe inouï de notre regretté Abdelkader», dira Bouziane, qui n’oubliera jamais cette funeste journée où sa carrière fut irrémédiablement brisée. «Ma technique est certes restée intacte, mais la peur m’a envahi. J’étais trop marqué sur le plan psychologique. Et cette prise de conscience du danger m’a empêché de poursuivre ma carrière», précisera-t-il.
Cette angoisse ne le lâchera jamais, bien qu’il ait effectué une saison à l’EMO et trois mois au club de Bousfer. Un tel footballeur ne raccroche pas sans raison. Les puristes, et bien évidemment les asémistes, ont toujours regretté cette tragédie qui a mis fin à une carrière prometteuse.
Une passion
Privé trop tôt de football, Bouziane s’est consacré à la pêche, la véritable passion de sa vie.
A 64 ans, il continue à faire des sorties avec son ami Mohamed sur sa barque amarrée en permanence du côté des Coralès, où il côtoyait un certain temps les regrettés Fali Kada et Bendenia Boualem, anciens emblématiques dirigeants du MCO et de l’EMO.
Cette passion lui a fait commettre des bévues. Outre l’affaire du conseil de discipline narrée par ailleurs, on citera les quelques matches ratés volontairement, au grand désespoir de ses entraîneurs, et notamment Hadj Hadefi qui s’est déplacé avec son scooter sur la jetée du port, pour assister, impuissant, à la sortie de Bouziane plus attiré par le poisson que par le marquage des défenseurs adverses !
Lors d’une sortie, il a connu la plus grande peur de sa vie. Alors qu’il devait disputer le match ASM-ES Guelma, il préféra prendre le large en chaloupe avec son ami Sid Ahmed Hamerlaïne. «Ce n’était pas une journée propice à la pêche, car la mer était très houleuse, de force 5 selon les spécialistes de la météo.
Du côté du Cap Gros, on a eu les pires difficultés pour rentrer au port d’Oran en raison d’énormes creux de vagues. Ce jour-là, on a bien failli y laisser notre peau. Je considère que c’est un véritable miracle que nous soyons revenus sains et saufs de cette journée marquée par une tempête sans précédent. Tous les Oranais se souviennent de cette dernière, d’immenses vagues déferlant sur le port, au-dessus de la jetée. Je n’oublierai jamais ce jour », dira-t-il.
Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com
D'apres Le Quotidien d'Oran. Par Adjal Lahouari. Le 8 octobre 2008.
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