Air Algérie propose le départ volontaire à 2.400 travailleurs

Le processus de filialisation d’Air Algérie, son redéploiement, les prix des billets d’avion ont été les questions phares que le PDG de la compagnie nationale de transport aérien a développées, hier, dans le détail lors d’une longue conférence de presse.

Mais Tayeb Benouis semble avoir très à coeur le dossier ayant trait aux tarifs de voyage. Ce qui est somme toute compréhensible compte tenu des augmentations que la compagnie nationale n’a cessé d’opérer les deux dernières années et que ses clients, en mal d’informations, ne «digèrent» pas facilement. Le patron d’Air Algérie a décidé donc de tout dire: l’ère de l’ouverture de lignes sans calcul de rentabilité est révolue.

Désormais, c’est le marché qui dictera ses lois, ou du moins pour les lignes internationales. Convaincu qu’il faut «appliquer la vérité des prix», Benouis a déclaré sans détour qu’«Air Algérie augmentera ses tarifs à chaque fois que le prix du kérosène ou les différentes taxes augmentent».

Et comme pour argumenter ses propos, le PDG a indiqué que la facture du carburant est passée de 5,8 milliards de dinars en 2004 à 7,4 milliards de dinars en 2005. Autre exemple: la redevance passager aéroportuaire qui est perçue par l’UGSA, est passée, quant à elle, de 345 dinars à 900 dinars depuis le premier avril dernier.

Toutefois, rassure le conférencier, la série de hausses que n’a cessé d’opérer Air Algérie ne se poursuivra pas pour l’année en cours: «Aucune autre augmentation n’est programmée en 2006», déclare-t-il. Mais rien n’est garanti pour ce qui est de 2007. En fait, poursuit-il, selon les prévisions et les éléments d’analyses disponibles, la conjoncture internationale pourrait obliger la compagnie publique à réajuster ses prix.

Les subventions de l’Etat pour le cas des lignes internationales, apprend-on de la même source, concernent évidemment les lignes déficitaires comme celle d’Alger-Moscou et Alger vers des pays africains.

Un déficit qui s’explique par la faiblesse du trafic. Pour les lignes domestiques, en revanche, Tayeb Benouis plaide pour une non augmentation des prix sinon «personne ne prendra l’avion».

Pour le moment, c’est l’Etat qui paye le déficit engendré par ces lignes et jusqu’à un passé récent Air Algérie faisait carrément dans le financement croisé (comblait le déficit de celles-ci par les bénéfices des dessertes internationales).

Mis à part les subventions des pouvoirs publics estimées à 45%, le premier responsable de la compagnie nationale soutient qu’il faut trouver une solution définitive de façon à offrir aux voyageurs des tarifs bas.

Et Air Algérie fera justement des propositions dans ce sens aux pouvoirs publics. L’utilisation exclusive des ATR (70 places) pour le transport aérien domestique ou ce qui est appelé «les petits porteurs» contribuera justement dans cette démarche.

Interrogé sur la concurrence des autres compagnies étrangères, le patron d’Air Algérie a été particulièrement sévère. Il les accuse clairement et sans détour de «ne pas jouer franc jeu sur les tarifs». Benouis qui dit «accepter la concurrence loyale» a révélé que des compagnies aériennes qui opèrent en Algérie, notamment l’allemande Lufthansa, ont d’ailleurs été «saisies par la direction de l’aviation civile».

Sur le chapitre socioprofessionnel, le PDG a annoncé en présence du syndicat UGTA de l’entreprise que la convention collective est en phase de révision. Benouis a révélé également qu’un plan de départ volontaire adopté par la direction générale et le partenaire social est proposé aux travailleurs. Avec son application, ce seront, selon les estimations du conférencier, quelque 2.400 travailleurs qui ne feront plus partie de l’effectif de la compagnie publique, qui est de presque 9.000.

Selon nos informations, ce plan concerne toutes les femmes qui ont plus de 45 ans et les hommes de 50 à 59 ans. On nous indique également qu’une prime de départ de 200 millions de centimes leur est proposée. La direction générale aspire clore ce dossier au courant de l’année 2007. Cette opération laissera, par la suite, place à une campagne de recrutement «plus ciblée» de jeunes universitaires.

L’autre nouvelle communiquée porte sur la mise en conformité avec les standards européens de l’activité maintenance de l’entreprise. La norme lui a été attribuée par l’European Aviation Safety Agency. Ce qui fait désormais de l’entreprise une compagnie aérienne offrant une sécurité reconnue par l’Europe.

Concernant le programme d’été d’Air Algérie, son premier responsable a indiqué qu’il connaîtra une baisse de 5% sous l’effet de la concurrence. L’on a programmé 144 vols par semaine dont 61 dédiés pour la simple région parisienne.

Par Ghania Amriout - Quotidien Oran