40 avions moyen-porteurs pour Air Algérie

Pour répondre aux questions des députés sur les difficultés de prendre l’avion en Algérie, le ministre des Transports Mohamed Maghlaoui a utilisé des arguments économiques.

« Les moyens actuels de la compagnie Air Algérie ne lui permettent pas de consacrer sa flotte composée notamment d’avions de type gros-porteur de moins de trois ans à un réseau intérieur non rentable », a déclaré le ministre, en réponse à une question du député Amar Moussi (MSP) de Biskra sur la liaison aérienne entre cette ville et la capitale. La ligne Alger-Biskra est exploitée à moins de 48%, alors que la couverture du coût d’un vol sur la même ligne ne dépasse pas 39% du tarif du billet, a-t-il affirmé.

La compagnie Air Algérie, appelée à appliquer les normes mondiales en vigueur, ne peut assumer à elle seule les coûts, a ajouté le ministre. Maghlaoui n’a pas évoqué la possibilité d’un soutien de l’Etat aux lignes intérieures, ni la possibilité d’ouvrir le secteur aux compagnies aériennes privées qui peuvent faire baisser les prix des billets.

Des spécialistes de l’aérien soutiennent en effet que les compagnies charters peuvent jouer un rôle important dans le désenclavement du Sud. Le ministre des Transports a annoncé qu’Air Algérie va acquérir 40 avions de type moyen-porteur d’une capacité de 40 places, dans le cadre de sa restructuration, parallèlement à l’autorisation du ministère à Tassili Airlines, filiale de Sonatrach, d’exploiter les lignes intérieures du sud en vue de « concilier entre la demande des citoyens du Sud et les conditions de travail au sein de la compagnie Air Algérie ».

A une autre question soulevée par le député Khelil Omari (MSP), de la wilaya d’Adrar sur le tarif du billet pour un vol Adrar-Alger (environ 10.000 dinars) et le timing des vols (23 heures), le ministre a répondu que les autorités publiques « ont été contraintes de maintenir l’aéroport d’Adrar ouvert en dépit de sa non-rentabilité et d’indemniser la compagnie Air Algérie » en 2005 pour un montant de 2,4 milliards de dinars, sans oublier les billets gratuits consacrés chaque année aux étudiants du Sud qui suivent leurs études dans les wilayas du Nord.

A propos du choix du timing des vols, le ministre a précisé qu’il est dicté par les conditions climatiques caractérisant la wilaya d’Adrar (canicule et tempêtes de sable) en vue d’éviter d’éventuelles pannes.

Par ailleurs, à une question posée par le député Mohamed El-Haï, de la wilaya de Béjaïa (FLN), sur la situation de l’aéroport Abane Ramdane, Maghlaoui a répondu qu’il a été décidé de refermer cet aéroport pour des travaux de restauration qui étaient insuffisants.

Concernant la date de la reprise des travaux, le ministre dira que l’aéroport sera refermé à partir d’octobre prochain pour être rouvert le 30 juin 2007, afin de lui permettre d’accueillir les vols en provenance de France cet été et en été prochain, tout en s’engageant à examiner la possibilité d’extension de la piste d’atterrissage de quelque 200 mètres. Maghlaoui a, en outre, expliqué que l’aéroport Abane Ramdane a été fermé « pour des raisons purement techniques », réfutant ainsi les supputations invoquées à ce sujet.

La dernière question du député Farhi Messaoud du MSP portait sur la possibilité de transporter les Hadjis à partir de l’aéroport de Tébessa et le transport ferroviaire dans cette wilaya.

Dans sa réponse, le ministre a indiqué que la liste des aéroports concernés par le transport des hadjis « est établie par la commission nationale du Hadj selon les caractéristiques techniques de chaque aéroport et le nombre des vols autorisés par l’aviation civile de l’Arabie Saoudite pendant la saison du Hadj (125 vols) ».

Cet aéroport pourrait être ouvert pour des vols à destination des Lieux Saints s’il répond aux exigences techniques requises, a-t-il souligné. Selon l’intervention du député Ferhi, l’aéroport de Tébessa, construit par les autorités coloniales, a fait l’objet en 1984 d’une extension qui lui a permis d’accueillir des avions plus grands. Aujourd’hui, l’aéroport accueille trois vols hebdomadaires sur des lignes internes.

S’exprimant sur l’état du transport ferroviaire au niveau de la wilaya de Tébessa, Maghlaoui a annoncé l’ouverture prochaine d’une ligne reliant Tébessa à Constantine via Aïn M’lila et la fermeture de la ligne reliant Tébessa à Annaba en raison de la détérioration des rails. Des camions ont été mobilisés pour le transport du phosphate de Tébessa vers Annaba, en attendant la réouverture de cette ligne, fermée il y a 5 ans, ajoute le ministre.

Dans une déclaration à la presse au terme de son intervention, M. Maghlaoui a affirmé qu’il est impossible de garantir un transport urbain maritime pour les habitants de la capitale, les navires appartenant à la flotte de l’Entreprise nationale du transport maritime des voyageurs ne pouvant faire face à l’impact des perturbations climatiques sur la navigation maritime au large des côtes de la capitale.

Le coût des navires pouvant naviguer dans des conditions climatiques extrêmes est élevé, estime le ministre, qui rappelle le recours au transport ferroviaire et au tramway pour le transport des citoyens à Alger.

« L’investissement reste ouvert en matière d’exploitation du transport maritime urbain au large des côtes de la capitale durant la saison estivale », a rappelé le ministre.

Par Hamid Guemache - Quotidien Oran