Les raisons du coup de tête de Zidane
Zinedine Zidane s’est excusé pour son coup de tête à l’Italien Marco Materazzi en finale du Mondial-2006 de football, mais s’est refusé à regretter explicitement ce geste, affirmant avoir été insulté avec «des mots très durs», qu’il n’a pas dévoilés mercredi sur Canal+. «Je m’en excuse auprès des enfants qui ont regardé cela, a déclaré le meneur de jeu français au cours d’un entretien à la chaîne cryptée, retransmis en léger différé. Mon geste n’est pas pardonnable (...).
Bien sûr que ce n’est pas un geste à faire ! Je tiens à le dire haut et fort parce que cela a été vu par deux-trois milliards de téléspectateurs et des millions et des millions d’enfants qui ont regardé cela». «Forcément, auprès d’eux, je m’en excuse, a ajouté Zidane. Et aussi aux personnes et aux éducateurs qui sont là pour éduquer ces enfants et leur montrer les choses à faire et à ne pas faire».
Il a toutefois indiqué «ne pas regretter» le coup de tête qui a provoqué son exclusion à la 110e minute de la rencontre. «Je ne peux pas regretter mon geste car cela voudrait dire qu’il avait raison de dire tout cela, a-t-il expliqué. Je ne peux pas, je ne peux pas, je ne peux pas dire cela.
Et non, il n’a pas raison de dire ce qu’il a dit». Interrogé par Michel Denisot sur la teneur exacte des propos de Materazzi, Zidane a indiqué que «c’étaient des choses très personnelles. Cela touche à la maman, à la soeur. Vous les écoutez une fois, vous essayez de partir. C’est ce que je fais parce que je m’en vais en fait. Vous écoutez deux fois, et puis la troisième fois...»
La question de savoir si les insultes étaient à caractère raciste ne lui a pas été posée. Zidane a refusé de dévoiler avec précision ce qu’avait dit Materazzi. Il a été interrogé pour savoir si la réalité «recoupait» ce qu’avaient rapporté les tabloïds anglais qui, s’appuyant sur des spécialistes en lecture labiale, ont accusé l’Italien d’avoir dit: «On sait tous que tu es le fils d’une pute terroriste». Zidane a juste répondu: «Ben oui !».
«Il n’y avait pas de contentieux avant (avec les Italiens), même s’il y avait des frictions avec des joueurs, a-t-il indiqué. C’est le jeu, c’est comme cela de toute façon depuis toujours, notamment dans une finale de Coupe du monde. C’est juste au moment où il y a ce tirage de maillot. Je lui dis de s’arrêter de me tirer le maillot. Que s’il le veut, je le change à la fin du match». «Là, il dit des mots, des mots qui sont très durs et il les répète plusieurs fois, a ajouté Zidane. Des mots qui sont parfois plus durs que les gestes. C’est quelque chose qui, de toute façon, se fait très vite. Ce sont des mots qui me touchent au plus profond de moi».
Zidane a précisé qu’il se rendrait devant la commission de discipline de la FIFA, qui a ouvert une enquête sur son geste, mais a aussi réclamé des sanctions contre Materazzi. «Ce que j’ai envie de dire, c’est que l’on parle toujours de la réaction. Forcément elle est punissable et elle doit être punie. Mais s’il n’y a pas provocation, il ne peut pas y avoir une réaction. Il faut sanctionner le vrai coupable, et le coupable, c’est celui qui provoque».
«Est-ce que vous croyez, vous, dans une finale de Coupe du monde comme cela, alors que je suis à dix minutes de la fin de ma carrière, que je vais faire un geste comme cela parce que cela me fait plaisir ?».
Dans une autre déclaration, faite également hier, mais sur la chaîne française privée TF1, Zinedine Zidane a fait part de son intention de se rendre en Algérie afin de «retrouver ses origines», «la terre de ses parents», où le chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika l’a invité en début de semaine.
Interrogé sur ses intentions à ce sujet, le Français a répondu: «Bien sûr ! Retrouver mes origines, retrouver ce qui est la terre de mes parents, tout ça, bien sûr, j’ai envie de le vivre. Et je dois le vivre», a-t-il dit. Zidane est né à Marseille (sud-est). Sa famille est originaire d’un village de Béjaïa, en petite Kabylie.
Après la défaite de la France face à l’Italie en finale du Mondial de football, le président Bouteflika a écrit à Zidane, lui rendant un vibrant hommage et l’invitant: «Je serai toujours très heureux de vous recevoir ici dans votre pays, tel que vous êtes, avec votre famille, à une date qui vous arrangera et que nous pourrons fixer d’un commun accord». «Comme vous n’avez jamais oublié le pays de vos origines, l’Algérie et les Algériens sont fiers de vous. Ils ne vous oublient pas», a encore écrit Abdelaziz Bouteflika.
Par M. Mehdi - Quotidien Oran
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