Cuba : Castro passe la main
Après 48 ans au pouvoir, le président Fidel Castro, qui aura 80 ans le 13 août, passe la main, au moins provisoirement, à Raul Castro, son frère et fidèle «companiero».
Dans un communiqué, le président cubain dit avoir subi une opération chirurgicale aux intestins. Un accident de santé qu’il attribue à un stress extrême dû notamment à son déplacement en Argentine pour le sommet du Mercosur, il y a dix jours. La déclaration a été lue à la télévision par son secrétaire particulier.
Selon la «proclamation» de Fidel Castro, cette opération va l’obliger à garder le repos durant plusieurs semaines, éloigné de ses responsabilités et de ses fonctions. C’est Raul Castro, frère de Fidel et «companiero» de toujours, qui assure ce qui n’est censé être qu’un intérim.
Le président cubain, 80 ans, a été victime d’un malaise en 2001, puis fin 2004, victime d’une chute, il s’était brisé le genou et fêlé le bras. Après cette opération chirurgicale, aujourd’hui c’est la première fois qu’il doit abandonner le pouvoir.
C’est son cadet, plus jeune de cinq ans, que le Lider maximo, Raul, jusqu’à présent ministre de la Défense et numéro deux du régime, qui assure désormais à 75 ans la réalité du pouvoir à Cuba.
Déjà en 1959, trois semaines près avoir pris le pouvoir en janvier 1959, Fidel Castro désignait son frère cadet Raul comme son éventuel successeur, expliquant à ses partisans: «Derrière moi, il y en d’autres plus radicaux que moi.» Moins charismatique, mais plus idéologue, Raul Castro a milité dans les rangs communistes bien avant la Révolution de 1959 - et avant son frère aîné, qui n’a embrassé officiellement la cause du socialisme qu’en 1961.
Fidel Castro l’a successivement nommé ministre de la Défense, vice-Premier ministre, puis premier vice-président du Conseil d’Etat, organe suprême du gouvernement, ce qui en fait le numéro deux du régime. Le Lider maximo a toujours su pouvoir compter sur son frère, le présentant comme son meilleur successeur: «Raul est plus jeune que moi, plus énergique que moi. Il peut compter sur plus de temps», expliquait-il en 1997 lors d’un congrès du Parti communiste cubain.
Raul Castro reste habituellement dans l’ombre, dont il est brièvement sorti au moment de l’affaire Elian Gonzalez, ce petit Cubain rapatrié de Floride en 2000. Orthodoxe sur le plan politique, il s’est montré plus pragmatique sur le plan économique, autorisant certaines réformes. L’armée a ainsi pu produire et vendre des produits agro-alimentaires hors des marchés d’Etat, tout en mettant sur pied un important groupe touristique, Gaviota.
S’il a cultivé à l’instar de son frère Fidel la diatribe contre Washington, il a également donné des signes d’ouverture, évoquant dans les années 60 sa volonté de discuter avec les Américains, «même sur la Lune». Plus récemment, en 2001, il a émis le souhait de voir les relations entre Cuba et les Etats-Unis se «normaliser, dans la mesure du possible, du vivant de Fidel».
Si à Cuba la nouvelle a été accueillie sans trop de commentaire, à Miami où est basée l’opposition cubaine, plusieurs centaines de personnes on fêté «l’accident de santé» du président cubain Fidel Castro.
Par Mohammed Kébir - Quotidien Oran
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