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Actualité

 

Egypte : Naguib Mahfouz est mort

 

Naguib MahfouzEgypte - Le grand conteur du Caire s’est éteint, hier, dans sa ville à l’âge de 94 ans.

Hospitalisé depuis le 19 juillet dernier à la suite d’une chute qui a nécessité une intervention chirurgicale, il a succombé à une hémorragie. «Venu au monde pour écrire», selon la formule d’un écrivain égyptien, Mahfouz est un vrai monument de littérature, un précurseur, un défricheur, celui chez qui les meilleurs écrivains de la génération actuelle ont puisé leur inspiration.

Les hommages d’écrivains et d’hommes politiques se sont multipliés, hier, partout dans le monde, pour ce «pilier» et «monument» de la littérature arabe qui avait une passion totale mais très disciplinée pour l’écriture à laquelle il s’est adonné pendant près de 70 ans, tout en exerçant un travail de fonctionnaire.

Les obsèques de Naguib Mahfouz auront lieu, aujourd’hui, à la mosquée Al-Rashdan, dans le quartier de Madinet-Nasr, au Caire à laquelle pourrait assister Hosni Moubarak.

Cet homme qui ne voyageait pratiquement jamais (il n’est pas allé à Stockholm pour la remise du Prix Nobel), car Le Caire lui suffisait, laisse une production prodigieuse d’une cinquantaine de romans et de nouvelles. Ce lecteur, passionné de tout, a traversé tout un pan tumultueux de l’histoire moderne de l’Egypte (et donc du monde arabe) dont il sera, à travers ses fictions, un des meilleurs chroniqueurs.

Et où, il lui arrive de prendre des positions politiques qui lui seront reprochées comme son appui aux accords de Camp David. Mais ces prises de position d’un homme politiquement libéral n’ont pas d’incidences sur la popularité, immense, de ses romans.

Ses débuts d’écrivain le portent vers l’histoire ancienne de l’Egypte avant de s’orienter vers un réalisme symbolique qui culminera, avec la publication, en 1956, de la Trilogie (Impasse des Deux-Palais, Le Palais du désir et Le Jardin du passé). Des romans, devenus de grands classiques de la littérature arabe, qui établissent définitivement la notoriété de Naguib Mahfouz dans le monde arabe, bien avant sa consécration mondiale, en 1988, par le Prix Nobel de littérature.

Le personnage de Si Sayed, envahissant et autoritaire à l’égard de sa femme et des ses filles, est devenue une icône dans la culture égyptienne. Même ceux qui n’ont pas lu ses romans savent ce que ce personnage représente.

La force des romans de Mahfouz est d’avoir fait de sa ville, Le Caire, un personnage total où les individus agissent en quête de salut et sont pris dans les rênes du temps et sont changés par lui.

La publication en 1958-1959, sous forme de feuilleton, dans le journal Al-Ahram du livre «Aouled Haratna» (traduit en français sous le titre «Les fils de la Médina) suscite le courroux d’Al-Azhar qui n’admet pas la figuration de personnages prophétiques dans un roman allégorique qui défend la raison et la science contre la croyance et la foi.

Le roman qui est toujours interdit au Caire a, néanmoins, été publié au Liban (on le trouve aujourd’hui sur des sites Internet), a provoqué à nouveau la polémique, en 1994, lorsqu’un autre journal le publia à nouveau en feuilleton.

Al-Azhar réagit à nouveau, Mahfouz renonça à la publication en considérant que face à la montée du radicalisme islamiste, il valait mieux ménager Al-Azhar. Mais sans doute pensait-il aussi que le livre fera son bonhomme de chemin -ce qui est le cas- malgré la censure.

Cette attitude conciliante n’empêche pas deux jeunes radicaux islamistes de tenter de le tuer à l’armée blanche sur la base d’un «takfir» prononcé à son encontre. L’écrivain, blessé au cou, s’en sort mais il perd la mobilité de la main avec laquelle il écrivait. Ce qui le contraignit à dicter ses ultimes ouvrages.

Beaucoup dans le monde arabe diront, pour une fois non sans raison, que Naguib Mahfouz est devenu un immortel. Difficile en effet d’aller au Caire, dans sa ville, sans voir et entendre en écho à ses romans, les ombres, les bruits, les cris, les chants, les larmes, les gestes de grandeur et les manifestations de sordide de ces centaines de personnages qu’il a créés ou recréés.

Difficile de l’imaginer mort alors que dans les bibliothèques il occupe une si bonne place. Naguib Mahfouz fait partie de nous, à travers ses livres et les films qu’il a inspirés.

Pour longtemps encore, il sera pour la littérature arabe et pour les écrivains, une boussole, un aiguillon pour la liberté de penser et de créer. Car Mahfouz est, au pays des pyramides, un monument de l’humain, un homme qui est resté proche des gens, qui a su les aimer et qui sans doute, même s’il les heurte, ont fini par l’aimer.

Par M. Saâdoune - Quotidien Oran

 

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